Pourquoi suis-je ici, dans ce corps?

 

 

Ce qui est intéressant quand on se pose la même question sur plusieurs décennies, c’est que la réponse change tout le temps.

Je me torture les méninges depuis des lustres à me demander, - mais qu'est-ce que je fous ici?
Incarnée dans ce monde comme si on m’avait échappée et que j’étais tombée dans un gant de chair.
Ploc! Née du spasme d’une mouette qui chie sans même y penser.

 

 

Lorsque tout allait mal, je voyais la vie comme une absurdité, Un groupe de gens sadiques penchés au-dessus de la voûte étoilée

qui se délectent comme au théâtre, de nous voir tous souffrir. Le théâtre de la cruauté d’Antonin Artaud.

Alors je me suis dit : si je changeais de point de vue ?

J’ai changé de point de vue, j’ai eu d’autres réponses qui elles ont changé au fil des événements de ma vie.

Un jour, lors d’une quête de vision, j’ai réalisé que seul mon mental avait besoin de réponses, et non mon être.

Il interprétait le monde à partir de mes expériences jugées bonnes ou mauvaises, et non à partir de la réalité.

J’ai compris qu’on peut communiquer sans avoir à se servir des mots.

On peut aussi penser, comprendre sans les mots.

L’absence de mots ouvre la porte à la communication d’avec tout ce qui vit.
La réponse à ma question est dans la non question.

La réponse (qui m’a été donnée pour cette décennie) m’est venu sans mots, j’ai réalisé simplement, comme ça,

que tout ce qui m’entourait était amour inconditionnel pur, cet amour est la matière de la matière.
Non, je n’avais pas fumé de joint, j’étais simplement assise sur un talus à regarder

une petite rivière couler devant moi, sans penser à rien.

Un break de cerveau.

Je voyais les choses comme une enfant, les bouillons de l’eau qui dessinaient des êtres changeants, toutes sortes d’êtres.

Et puis les nuages en bêtes fantastiques, les dessins animés produits par les feuilles d’arbres dans le vent. Et qui, si on les fixe sans ciller, font voir des images mouvantes très concrètes.

Puis, j’ai ressenti que ces êtres, l’eau, les nuages, le soleil, les arbres, tout cela était intelligent et aimant,

d’un amour intense et inconditionnel, sans pensées.

C’est leur nature profonde et c’est la nôtre aussi.

La mienne. Alors pourquoi je ne la ressens pas tout le temps ?

Parce que je pense tout le temps.

 

 

La pensée rebondit sur la spiritualité. Elle ne peut entrer dedans. Elle ne peut que l’interpréter.
La spiritualité est l’expérience directe.

Les religions sont une tentative de la pensée, du mental, pour s’expliquer la spiritualité.

Quand ce n’est pas pour la contrôler.

Je peux aussi ajouter et de cela, j’en suis certaine, c'est que les religions ont étés créés pour faire chier les femmes.

(ça, c’est pour un autre article)

Je vois la naissance et la vie humaine comme une deuxième gestation. Nous ne faisons rien de plus ici-bas que ce que fait le papillon, la coquerelle, le brin d’herbe. Nous poussons, abreuvés d’eau, de soleil et secoués par les éléments.

 

Nous nous éveillons à une forme de conscience, petit à petit avec le temps.

La vie humaine n'est qu'une étape. Plusieurs fois recommencé, parce qu'il y a beaucoup à apprendre, à faire, à réaliser.

Et puis toutes ces prises de conscience générées par cette poussée organique que nous avons en nous, comme les plantes.

Nous sommes une petite pousse qui va peut-être devenir un arbre, tout dépend de nos choix,

et de ce que l’on nourrit en nous, sans compter les facteurs extérieurs.

Nous sommes incarnés dans un corps, à la jonction de plusieurs mondes en même temps.

 

 

5 mars 2018